J’ai vu Éric-Emmuel Schmit à Tout le monde en parle. Je l’ai entendu à Charette. Je l’ai lu dans l’Actualité. Je ne connaissais pas encore cet auteur. J’ai lu son Évangile selon Pilate. Je m’attendais à tout sauf à cela.
L’Évangile selon Pilate, c’est Jésus vu de deux points.
Celui de Jésus lui-même, racontant comment il a compris sa mission. Comme il a progressivement compris qui il était. Présentation de Jésus Homme.
Celui de Pilate qui juge Jésus, veut le libérer et accepte la condamnation des chefs juifs en s’en lavant les mains, puis qui mène une enquête policière sur sa résurrection. L’énigme de la résurrection.
Ce n’est certes pas un livre « évangélique ». Mais c’est une présentation humaniste de Jésus, de son impact premier dans une société qu’il aura changé de l’intérieur. Ce livre parle de la foi.
Schmit affirme à TLMP être devenu croyant dans le désert, perdu seul une nuit. Rencontre significative. Il y a effectivement dans ‘Évangile selon Pilate une quête de vérité et une compréhension de l’essentiel. Je n’ai pas à être d’accord avec son approche théologique pour reconnaître le sens de sa quête.
Voici quelques citations retenues:
À Tout le monde en parle (2007 03 11)
On a tous un moment où on doit choisir qui on aime. Qui on accompagne. C’est forcément au détriment des autres c’est le tragique du choix. Et on ne peut pas faire autrement. Avec la meilleure volonté du monde on fait du mal au autres.
La foi c’est une confiance dans le mystère
Dans L’Évangile selon Pilate
Les Galiléens m’écoutaient bouche bée car c’est avec la bouche qu’ils écoutent ; avec les oreilles, ils n’entendent rien.
Seul le corps est soumis à la putréfaction, aux vers, à la disparition. L’essentiel demeure
…De temps en temps, sur les flots en fusion, il m’ semblait avoir une autre idée: que vous existions après cette vie en fonction de ce que fut cette vie; que le juste perdure dans un bon souvenir; que le scélérat s’enfonce dans son pire souvenir, éternellement.
Or il a fait l’homme libre. Il tient compte de cette liberté en nous laissant la possibilité de croire ou de ne pas croire. Peut-on être forcé d’adhérer? Peut-on être force d’aimer? On doit s’y disposer soi même, consentir a la foi comme a l’amour. Yechoua respecte les hommes. Il nous fait signe par son histoire, mais nous laisse libres d’interpréter le signe. Il nous aime trop pour nous convaincre. C’est parce qu’il nous aime. Qu’il nous donne à douter. Cette part de choix qu’il nous laisse, c’est l’autre nom de son mystère.
Douter et croire sont la même chose. Seule l’indifférence est athée.
Je sais qu’une nation dépose toujours sa trace indélébile sur les traits d’un visage; la langue fait des bouches et des dents qui n’ont pas besoin de parler pour qu’on les reconnaisse; le régime alimentaire fait la texture des peaux; les moeurs font des regards audacieux ou pudiques, mobiles ou fixes ; le ciel qui les voit naître fait la couleur des yeux.
La terre a été laissée aux hommes: qu’en ont-ils fait? Rendons-la à Dieu. Abolissons les nations, les races, les haines, les abus, les exploitations,les honneurs,les privilèges. Abattons les échelles qui mettent un homme plus haut qu’un autre.